Au petit matin, nous sommes réveillés par d'étranges cris d'animaux, et là je me dis : " Çà c'est vraiment l'Afrique !". En ouvrant le rideau, j'aperçois un gros babouin sur la terrasse qui s'enfuit en me voyant. D'ailleurs c'est tout une horde de babouins qui s'enfuie à ce moment là. Certains sont sur le toit du bungalow voisin et d'autres s'enfuient avec les coussins des terrasses. C'est trop drôle ! Un jeune koudu qui grignotait tranquillement un arbuste à moins de 10 m de moi en profite lui aussi pour tirer sa révérence, mais lui, le temps qu'il réalise, j'ai le temps de le photographier... Il rejoint sa "famille". Je prends les jumelles pour observer tout ce petit monde. C'est plus fort que moi, il faut que j'aille faire un tour "dans le jardin". Le soleil éclaire doucement les bungalows. Il n'y en a que 6 dans ce lodge. Je croise "Pumba", le phacochère. Puis je retourne au canyon où je retrouve mon copain de la veille ... Voilà tout ce qui me fait dire que Na an Ku sê est vraiment un endroit de rêve, une très belle destination pour une première impression de la faune africaine et surtout un lodge magnifique où tout est fait pour que l'on se sente bien quand on arrive en Afrique pour la première fois ! 10h : L'employé du Na an Ku sê lodge vient de nous
déposer chez ASCO car hire, le loueur de véhicules.
On sera bien en hauteur pour observer les animaux, tellement en hauteur
que je peine à grimper dansl'habitacle. Petit à petit
je prendrai l'habitude d'attraper les bonnes poignées pour me
hisser jusqu'au siège. Nous suivons ensuite Alexander à travers la ville pour nous
rendre à la guesthouse. Arrivés à la Londiningi guesthouse, Alexander nous indique
notre chambre avant de nous faire un super briefing pour notre futur
périple à travers le pays. Il y a une piscine dans le jardin mais l'eau est vraiment froide. D'ailleurs, à cette époque, l'eau des piscines est froide partout. Nous ne nous baignerons qu'une fois, et encore, j'aurai beaucoup de mal à pénétrer dans l'eau. Mais le temps passe et il est déjà 14h. C'est l'heure
à laquelle un chauffeur vient nous chercher car nous avons réservé
une visite de KATUTURA, le township (Bidonville) de Windhoek. En 1912, le conseil de ville de Windhoek, dominé par les colons allemands, avait décidé de ségréguer la ville. Les noirs étaient assignés à résidence à l'ouest dans un endroit appelé Old Location ainsi que dans un faubourg au sud-est de la cité. Les autres zones étaient déclarés « blanches ». En 1932, Old Location fut réorganisé par l'administration sud-africaine chargée du Sud-Ouest africain. La ségrégation sud-africaine exigeait une répartition du township en quartiers ethniques. Ainsi, en même temps que les infrastructures du township étaient construites, les habitants étaient regroupés en fonction de leur origine Ovambo, Damara, Hereros... Certains de ces groupes sous-divisèrent leurs propres quartiers en fonction des clans d'origine comme Otjikatjamuaha (le quartier du chef Tjamuaha), Otjimaruru (les gens d'Omaruru). Tout le quartier était représenté auprès du conseil de ville par un autorité administrative de 12 membres (noirs), dont la moitié était élu par les résidents et l'autre nommé par le superintendant blanc chargé de la présidence de cette autorité. En 1947, la municipalité encouragea l'immigration des travailleurs saisonniers ovambos. Un quartier provisoire leur fut assigné appelé Pokkiesdraai Contract Owambo Compound. En 1955, le nombre de travailleurs migrants Owambo étaient de 1700 soit autant que la totalité des résidents Owambo de Old Location. En application de la politique d'apartheid, l'administration du Sud-Ouest Africain décida de construire un nouveau quartier indigène pour remplacer ceux existants. La grande majorité des résidents refusèrent cependant de déménager vers le lieu de résidence qui leur était assigné à 5 kilomètres de Windhoek. En décembre 1959, les boycotts et les protestations dégénèrent. Le massacre de Old Location (11 personnes tués par la police, 44 blessés) marque le début de la résistance effective à l'administration sud-africaine et à l'apartheid. En 1961, ce fut le tour des résidents de Klein Windhoek puis en 1963 ceux de Pokkiesdraai de rejoindre le nouveau quartier. Le déménagement des habitants de Old Location fut définitivement terminé le 31 août 1968. Le nouveau quartier indigène était baptisé Katutura par les Héréros, signifiant le lieu où l'on ne veut pas vivre. Katutura ne réussira jamais à faire renaître l'ambiance familiale et amicale qui régnait dans les rues de Old Location de laquelle les anciens résidents se souviendront toujours avec nostalgie. En 1968, Katutura était constitué de 4000 maisons de location réparties en cinq sections ethniques et d'un dortoir de 1000 places pour les migrants. La zone urbaine de Windhoek se composait dorénavant de 3 entités distinctes : Katutura pour les noirs, Khomasdal pour les métis, et Windhoek pour les Blancs. (source Wikipedia) Le chauffeur nous indique que nous allons chercher le guide. Ah bon,
ce n'est pas lui le guide ? Nous voici arrivés près d'un cimetière. Tout ceci me parait bizarre. Comme le guide est visiblement en retard, nous pénétrons avec lui dans le cimetière et il nous indique une tombe commune où sont enterrés les martyrs de "Old location". Je commence à comprendre (cf historique ci-dessous). En fait le tour commence ici pour des raisons historiques. Arrive alors une voiture avec à son bord une famille au grand complet. Une femme noire descend et vient vers nous en nous tendant une poignée de main amicale "My name is Philadelphia". Tout s'éclaire : le guide est une guide et se prénomme Philadelphia mais elle préfère qu'on l'appelle Phila ! Nous sommes maintenant à Katutura , "the place to be"
nous assène Philadelphia qui est elle même une habitante
du quartier.
Nous traversons le marché couvert qui n'est pas très animé en cet après-midi et bénéficions de quelques explications de la guide sur les produits vendus par une commerçante. Je retiendrai l'aspect peu ragoutant du hachis d'épinards noirâtre séché, bien que, j'en convienne, c'est certainement le mode de conservation le plus approprié dans un quartier où tout le monde ne dispose pas de congélateur, loin de là. Plus loin c'est Barbecue. Le gars est un peu surpris que des blancs lui achètent quelques morceaux de barbaque pour goûter. Comme je l'écrivais plus haut, il y a peu d'animation en cet après-midi. Seul un vieil homme travaillant le cuir est encore présent. Ces sandales sont très originales mais nous lui achetons une ceinture pour Patrick... plus discrète. Nous grimpons ensuite avec le véhicule, sur les hauteurs du quartier, dans un secteur où il n'y a plus de maisons en dur mais seulement des habitations précaires faite de tôle et de matériaux de récupération. Là c'est vraiment le bidonville, un endroit où l'on ne se sent pas forcément à l'aise puisque la plupart des gens qui vivent ici sont des réfugiés et nous sommes perçus comme des ovnis au mieux, des intrus au pire, mais des gens riches de toute façon. Ce qui surprend pendant la visite de Katutura c'est que toutes les voitures que nous voyons sont des modèles plutôt récents et très bien entretenus. Phila nous explique que l'apparence passe avant tout ici. Nous voici maintenant dans un centre de travail et d'éducation
pour les femmes. Elles y travaillent les tissus en batik, les broderies
et cousent diverses pièces de textile de maison ou de décoration.
Le soleil décline quand nous quittons le quartier pour nous rendre au centre de Windhoek. Nous arrêtons devant la célèbre église luthérienne dite "en pain d'épice".
Alors que toutes les villas individuelles des beaux quartiers ressemblent à des forteresses, nous sommes étonnés de voir que les bâtiments gouvernementaux sont si aisément accessibles. Ici le parlement. Devant le parlement, il y a un joli jardin public où trônent quelques statues d'hommes célèbres dont Hosea Kutako, célèbre chef des héréros ayant uvré contre l'apartheid. Plus loin, un autre jardin est appelé "le parc du zoo" en référence à un zoo qui existait jadis à cet endroit... Incroyable dans un pays où les animaux sont en liberté partout autour ! De retour à la Londiningi guesthouse, nous savourons un délicieux
diner et pour la première fois, un steak de kudu tendre à
souhait. Nous aurons l'occasion de manger souvent de la viande durant
notre séjour, toujours très tendre, de buf, mais
aussi de gibier (game) qui, contrairement à ce que l'on en connaît
chez nous, n'a pas le goût puissant des viandes de cerf ou de
sanglier et c'est tant mieux. |