Jour 4

Mardi 9 juillet 2013

Au pays de Cochise...
Cette journée sera marquée par 2 aventures : Une première belle balade dans le parc de Chiricahua et une seconde bien involontaire qui va immobiliser notre véhicule en plein désert pendant près de 5h30...


Ce matin nous avons un peu de mal à quitter le DREAMCATCHER. La maîtresse de maison nous a préparé un excellent petit déjeuner avec des fruits rouges frais, des scones, des toasts, de la marmelade maison etc... Bref tout ce que l'on aime trouver quand on est dans un bed and breakfast. Je regrette déjà de n'avoir pas réservé pour une nuit supplémentaire.

Nous entrons à CHIRICAHUA qui est un National monument vers 8h00. Nous sommes dans le comté de Cochise du nom d'un célèbre chef Apache. Sur la route qui mène au panorama, les hautes roches nous saluent.


Arrivés à Massai point, nous sommes les seuls touristes. il ne fait pas très chaud car nous sommes en montagne. C'est impeccable pour se balader. Une dame ranger vient nous saluer. Visiblement elle s'ennuie et a envie de discuter un peu. Elle nous montre une belle espèce de lézard épineux (Sceloporus, magister) tout d'or revêtu, fièrement campé sur un rocher.

Elle nous indique un petit trail d'un demi mile (800 mètres) qui permet d'avoir une belle vue sur tout le parc. Effectivement ...

Cet étrange paysage est sculpté dans des roches volcaniques, déposées sur la région pendant plus d'un million d'années, puis lentement rehaussées lors de la formation du Basin and Range. Ces stratifications de cendres, de laves et de débris de roches, épaisses de plus de 600 mètres, recouvrent en partie les Chiricahua Mountains, hautes de près de 3000 mètres.

Isolées l'une de l'autre par des vallées semi-désertiques, une série de hauteurs isolées abrite des espèces qui, depuis 10 000 ans, évoluent sans contact avec leurs congénères des montagnes voisines. Cette caractéristique leur a valu le nom poétique de "Islands in the Sky", les Iles célestes. Aux confins des déserts de Chihuahua et Sonora, à la frontière du Mexique, protégées du développement industriel par l'absence de minéraux de valeur, les Chiricahua Mountains sont le repaire de nombreuses espèces inconnues dans le reste des États-Unis. On y a recensé cent soixante dix espèces d'oiseaux et certains mammifères sont encore plus inattendus : ours noir, puma, pécari et coati, si on ne les rencontre pas fréquemment, restent assez communs mais l'ocelot, le jaguarundi et le jaguar, originaire du Mexique, sont beaucoup plus rares. Insectes et reptiles ne sont pas en reste !


Effectivement sur le sentier Caroline aperçoit un serpent à sonnette. Bon, v'là aut' chose ! Il n'agite pas sa queue, signe qu'il ne se sent pas en danger. Jusqu'à présent nous avions réussi à éviter ces bêtes là mais on sait que le sud ouest en est infesté.
Moi je suis plutôt contente dès que j'aperçois un animal dans la nature. Depuis le temps que je voyais des pancartes "attention rattlesnakes" j'attendais le moment où je pourrais en voir un en liberté. En plus il n'est pas commun avec ses anneaux... C'est un serpent à sonnette de type crotalus lepidus, un seigneur des anneaux....


Evidemment Caroline qui n'est pas fana de randonnée mais bonne comédienne, a trouvé là un bon prétexte pour freiner nos ardeurs et ne s'est se gène pas de faire un peu de chantage pour que la randonnée soit courte.

Il y a décidemment beaucoup de lézards épineux dans le coin ...

Les Apaches nommaient ce flanc de montagne "Terre des Roches debout". De Massai Point, un regard sur le panorama suffit pour rendre le nom flagrant. Quel idéal terrain de guérilla : pendant vingt ans, Cochise et sa bande, les Chokonens, puis Géronimo et ses Bedonkohes échappèrent à l'armée américaine, pourtant assistée d'éclaireurs indiens !

Nous sommes donc sur le territoire de COCHISE qui est d'ailleurs le nom du comté. Mais qui était donc ce chef Apache ?

COCHISE est un chef Apache des Chiricahua (1812-1874)

En 1861, il est accusé injustement par les autorités américaines de l'enlèvement d'un enfant blanc. Après lui avoir proposé l’hospitalité sous sa tente, le lieutenant George Nicholas Bascom tente de le prendre en otage pour obtenir la libération de l’enfant.
Si Cochise réussit à s’échapper, plusieurs membres de sa famille sont capturés. Rapidement, il fait prisonnier quatre Américains pour négocier la libération des Apaches retenus prisonniers. Finalement soldats et Apaches exécutent leurs otages respectifs. Ulcéré par la pendaison de son frère Coyuntura et de deux de ses neveux, Cochise commence alors une guerre ouverte qui dure plus de dix ans. Il s’allie alors avec son beau-père Mangas Coloradas et devient chef d’une bande de deux cents guerriers Chiricahuas et Mimbreños.
Il entreprend une guerre de résistance contre les colons blancs qui envahissent son territoire. À labataille d'Apache Pass en 1862, il subit une défaite face à l’artillerie du général James Henry Carleton. Il devient peu après le principal chef apache suite à la mort de Mangas Coloradas capturé par traîtrise, torturé et mis à mort. Il se réfugie avec ses hommes dans les monts Dragon et Chiricahua et ils échappent à leurs poursuivants pendant près de dix ans, faisant régner la terreur sur tout le territoire apache.
Puis, un jour, un blanc, Thomas Jeffords, chargé de transporter le courrier et de traverser le territoire apache, vient voir Cochise sans armes avec un drapeau blanc. Tous les deux sont honnêtes, hommes de parole et loyaux. Une amitié naît que le temps n'a pas détruite. Cochise s’engage à ce que le courrier passe toujours sans être attaqué, du moment qu'il s'agit de courrier personnel et non de messages de l'armée. La guérilla continue mais « le courrier » passe toujours sans la moindre anicroche.
En 1872, conseillé par Thomas Jeffords, Cochise accepte d’engager des négociations de paix avec le général Olivier Otis Howard. Les deux parties s’entendent sur l’arrêt des hostilités et la création d’une réserve à Sulphur Springs, sur le territoire Chiricahua, à la condition que celui qui dirige la réserve soit son ami, Thomas Jeffords. Cochise y a vécu jusqu'à sa mort en 1874.


Mais le plus célèbre des Apaches Chiricahua demeure GERONIMO...

 

En attendant, à la sortie du trail, nous retrouvons la sympathique ranger...

Nous nous rendons ensuite à l'entrée d'Echo canyon. C'est ici que nous avons prévu de faire une courte randonnée.

Nous sommes seuls sur le sentier. De toute façon il n'y avait qu'une autre voiture sur le parking...
Le chemin est agréable et offre de belles vue sur le parc.

Il y a vraiment des tas de rochers en équilibre...

La partie appelée " les grottes " donne l’occasion aux jeunes d'escalader les recoins...

Le lichen qui donne une couleur verdâtre aux rochers :

Nous aurions bien continué encore un peu tellement la randonnée est agréable mais Caroline bougonne au sujet des serpents.


L'idéal aurait été de faire la grande boucle de 5 heures au cœur du parc mais Patrick trouvait que cela ferait une journée trop chargée vu que nous avons encore 4h de route à faire pour rejoindre notre future étape. Décidément je regrette de plus en plus de ne pas avoir retenu la chambre au Dreamcatcher pour 2 nuits.

Nous passons ensuite au visiteur center comme nous l'avait demandé la ranger de Massai point. Cela leur permet de décompter les touristes... pour les statistiques mais peut-être aussi pour argumenter le maintient des effectifs...
 
J'avais prévu pique niquer dans le parc mais comme il n'est que 11h30 Patrick décide d'aller déjeuner à Willcox, la ville la plus proche qui se situe à 60 km de là.
 
Et là, c'est sur cette route qui mène à Willcox, que le "drame" se produit... où plutôt qu'il a faillit se produire ...
 
Alors que nous avions parcouru 40km sur cette route déserte et désespérément droite (comme beaucoup dans l'ouest...), nous nous sommes tous les quatre assoupis en même temps. Cela ne nous était jamais arrivé dans ces conditions. le problème c'est que quand je dis tous les quatre, je compte le chauffeur....

Tout a coup nous sentons le véhicule quitter la chaussée partir sur le bas côté gauche qui heureusement à cet endroit là, n'était pas trop incurvé... Nous sentons donc le véhicule basculer et rouler dans des tas de saletés sur le bas côté ce qui a pour effet de nous réveiller tous en poussant des cris... Patrick donne un coup de volant pour reprendre le contrôle et remonter la jeep sur la chaussée mais elle n'est pas encore stabilisée (la Jeep liberty n'a pas une super tenue de route, c'est bien sur les piste mais sur le plat un peu moins...).. Il lui faut encore pas mal de sang froid pour redresser la voiture complètement. Heureusement, à cet instant, la route est déserte. Si il y avait eu un véhicule venant d'en face, je ne serai pas là pour écrire tout cela...
Mon mari s'arrête un instant puis repart mais un voyant rouge s'allume : pneu crevé, c'était à prévoir !

On s'arrête à nouveau sur le côté. Mais l'ennui c'est qu'il n'y a pas 1 mais 2 pneus crevés sur le côté gauche. Le pneu arrière est totalement à plat et à l'avant il se dégonfle car un bon morceau de bois dur est planté dans le caoutchouc.


 
Donc pas question de mettre la roue de secours. il faut faire appel à l'assistance de Dollar. Heureusement on a pris l'assurance pneus et bris de glace ainsi que remorquage.
Il est 12h00. L'assistance prévoit un dépannage dans 1h30. On a de quoi boire et manger. Tout va bien.
A 13h45, nous n'avons encore vu personne. Re-appel.
Je passe les détails sur la durée (longue) des échanges avec la plateforme téléphonique (c'est la même chose que chez Avis) car à chaque fois il faut indiquer le n° de contrat , le n° de permis de conduire, le nom, la date de naissance bref tout le pedigree du Chihuahua... Heureusement que mon mari a acheté une carte téléphonique à New-York en prévision des SMS de ma fille car elle comporte aussi l'option appels illimités aux USA. Apparemment ils ont toujours autant de mal à nous localiser...
 
En tout nous attendrons jusqu'à 16h30  dans ce désert sous le cagnard !


 
La route a beau être paumée et déserte, la plupart des voitures s'arrêtent. Nous voyons ainsi défiler pas mal de gens qui nous demandent si l'on a besoin d'aide, d'eau etc... Nous rencontrons ainsi : le shériff, un employé du Cochise county, le fermier du coin avec sa chemise à carreaux, sa salopette en jean et sa barbichette (une vraie caricature), des électriciens, des anonymes, une femme indienne qui habite tout près et nous laisse sa carte en cas de besoin, et enfin, après avoir vu passer au moins 5 de leurs voitures, la border patrol (les douaniers, car nous ne sommes pas très loin de la frontière Mexicaine, très surveillée...).
Puis un couple s'arrête.  Enfin le dépannage tant attendu !! L'homme sort un genre  de gel et rafistole nos pneus. Il sort un compresseur et regonfle le tout. Il nous dit que l'on peut rouler doucement jusqu'à un garage qu'il nous indique.
 
Nous reprenons la route. le type nous suit mais tourne sur une autre route...bizarre... et l'on continue seuls vers Willcox. Malheureusement le pneus arrière ne tient pas et nous sommes de nouveau à plat.
Rappel à l'assistance et, surprise, 10 minutes plus tard voilà le gars appelé par l'assistance qui arrive. Mais ce n'est pas le même que le bricoleur !! ??? Ben non, qui était donc le gars qui nous a regonflé les pneus ? nous ne le saurons jamais !
Cette fois c'est le véritable gars du garage de pneus envoyé par Dollar. Constatant les dégâts il appelle une dépanneuse qui est là 15 minutes plus tard. A 16h30 nous sommes  "hissés" sur la dépanneuse et c'est ainsi que nous faisons les 10 derniers kilomètres qui nous séparent de Willcox.


 
Nous ne sortons du garage qu'à 18 heures, avec deux pneus neufs, après avoir encore rappelé Dollar et attendu les autorisations de changer les pneus, puis de prendre en charge le paiement des pneus et du dépannage (transactions interminables)...
 
Comme le temps est menaçant nous décidons de dîner au pizza hut voisin. Pendant se temps l'orage éclate.
Nous faisons les 3h de route qui nous séparent de Las Cruces de nuit, à la lueur des éclairs. Le Nouveau-Mexique est l'état qui compte le plus grand nombre d'éclairs aux USA (et peut-être dans le monde). D'ailleurs nous aurons l'occasion, au cours de ce voyage, d'en voir un de très très près...


Comme nous perdons 1h à l'entrée au Nouveau Mexique, nous faisons le check in à 11h.

L'accueil à l'hotel est charmant d'autant plus qu'il est très tard mais j'avais prévenu que nous serions très en retard. Le patron nous offre des boissons et vient même jusqu'à notre chambre nous apporter des nachos.


 
Si nous avions fait la longue randonnée à Chiricahua, nous aurions du dormir à Willcox...mais peut-être n'aurions-nous pas crevé...
 
Bref cette journée me fera regretter longtemps de ne pas avoir réserver 2 nuits dans l'excellent B&B Dreamcatcher, ce qui nous aurait permis de mieux profiter de Chiricahua sans contrainte d'horaire...

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